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CG ZCO rencontre du 3 mars 2011
à Farino
Expertise UICN
CAHIER DE REVENDICATIONS
ET DE PROPOSITIONS
Ce cahier a pour but de montrer le malaise des populations, les difficultés rencontrées par le comité de gestion qui a perdu de sa substance faute de recevoir les moyens humains et financiers ainsi qu'une reconnaissance nécessaires et suffisants à la bonne gestion du site et la zone tampon.
On vous aura montré un plan de gestion très élaboré auquel nous avons effectivement participé avec enthousiasme.
On vous aura dit que les objectifs de ce plan étaient atteints à 70/80%. C'est vrai sur le papier, c'est vrai en terme de réglementations (Le vrai problème étant d’obtenir leur application). C'est vrai aussi en termes de présence de quelques fonctionnaires sur le terrain. Mais sur ce terrain nous vous montrons ci-dessous que la réalité est toute autre.
Problématique du Comité
Créé en 2007 avant l’inscription le comité s’est immédiatement engagé dans une réflexion avec les services provinciaux en charge du dossier d’inscription.
Cette réflexion a donné naissance au plan de gestion.
Depuis, l’association a beaucoup souffert dans son organisation parce que ses mandants ne comprennent pas sa raison d’être et lui reproche de ne pas constater de progrès sur le terrain.
Pire, ils considèrent que la situation se dégrade.
Le Bureau est composé intégralement de bénévoles avec pour simple accompagnement un Plan Provincial d’Insertion Citoyenne (PPIC) ce qui nous aide un peu en termes de présence et d’un secrétariat minimum.
La Province, quand on lui fait ces remarques, répond : proposez nous quelque chose ? La première fut de leur demander un cadre compétent volontaire à l’aide technique (VCAT) capable de nous aider à élaborer des projets, proposer des actions et amener des décisions qui ont du sens pour les populations. Cela a été refusé.
Nous devons pouvoir gérer des moyens qui nous permettent d’engager un vrai débat avec les administrations provinciales, de l’Etat ou des communes et de gérer, véritablement, le site que ce soit pour les programmes scientifiques, les activités commerciales, les promotions immobilières, etc. Nous entendons par gérer, donner un avis motivé qui soit suivi d’effets concrets, pouvoir identifier des interlocuteurs qui soient en mesure de prendre réellement des décisions ou d’établir des actes susceptibles d’y conduire rapidement, être étroitement associés aux actions de surveillance, de recherches et de mesures effectuées sur le terrain, financer et animer des projets pédagogiques, améliorer notre communication avec les populations par l’organisation de rencontres grâce à des moyens accordés préalablement.
Des taxes environnementales sont prélevées sur un certains nombre de produits à l’importation, des impôts fonciers, un fond Nickel constituent ensemble une importante ressource financière et nous ne savons rien de sa redistribution.
Respect des traditions
Vous trouverez dans les annexes un document que l’ONG Corail Vivant a bien voulu nous remettre (Annexe 1).
Destiné au rapporteur de l’ONU en vue de la préparation de la 77éme session de l’ONU sur les discriminations raciales, il met en évidence un véritable déni à l’accord de Nouméa et particulièrement son préambule (Seul élément compréhensible pour les populations) qui place le kanak au centre du dispositif. Nous ressentons, avec une grande amertume, le désarroi d’une population qui n’intègre pas le droit français mais qui voit son droit séculaire continuer à être bafouer.
Il y a des humains bons et mauvais partout et nous ne sommes pas en train de vous décrire un peuple unanimement bon et pacifique.
Cependant, la déstructuration lente mais encore réversible de la coutume se traduit par une perte du respect des coutumiers par les jeunes et une absence quasi-totale de crainte de la répression du droit commun.
Un exemple précis d’incompréhension va étayer la première partie de ce propos : une vieille dame issue du clan de la mer couvrant la plage de la Roche et les plages environnantes est venue nous rappeler que La Roche est un endroit TABOU (Interdit parce que sacré) car c’est le lieu ou les morts quittent définitivement le monde des vivants. Cela concerne les tribus jusqu’à Canala et Houaïlou.
Une association très efficace de protection et de marquage des tortues marines y mène un travail qui n’est pas contesté par les clans. Par contre une pratique ancestrale veut qu’un peu de prélèvements soient faits.
Elle ne comprend pas pourquoi sa vie traditionnelle a brutalement changé alors même que cette vie n’a, pendant de siècles, porté aucun préjudice à la survie des tortues à grosse tête.
La signalétique
Actuellement l’association perd ses moyens à faire des panneaux qui, dans certains endroits, sont systématiquement détruits.
Il faut absolument revoir cette approche et donner aux sculpteurs et jeunes de la région la possibilité de créer dans ce domaine. Ils protègeront leur œuvre.
Rien ne signale, en outre, qu’en plus d’être un site et une réserve marine, des lieux sacrés, tabous ou totémiques (Là où un clan vient régénérer son totem) existent.
Une grosse promotion hôtelière se prépare sur le site de DEVA et notre propre signalétique fut accolée à celle de cette promotion lors de la rencontre du 2ème anniversaire de l’inscription.
Nous avons conscience des nécessités du développement de la région mais de là à faire croire que nous supportons ce projet à 100% il y a une grosse marge.
La surveillance maritime
Il est assez facile de surveiller les activités du bateau de surveillance. La fraude ne semble pas avoir fléchi. Ce petit moyen est largement insuffisant, malgré la bonne volonté des personnels.
Il existe des campements sauvages sur les îlots. Les professionnels de transport nautique à caractère touristique sur la zone inscrite déclarent unanimement que des infractions à la réglementation sont constatées tous les jours.
En effet la surveillance se fait sur des horaires administratifs.
Sur la partie fluviale : un développement inquiétant d'algues vertes (salades) se développent sur les bancs de sable de la rivière la Néra (eutrophisation du milieu) un des plus gros affluent de la zone mettant en péril sa biodiversité et celle du lagon. Beaucoup moins de crabes, de poissons liés au manque d'oxygène.
La surveillance terrestre
Sur terre nous réclamons des gardes champêtres et des guides de chasse pour répondre aux vrais besoins. Nous nous référerons aux activités agricoles. Nous savons que moins de 30% des captages d’eau ont fait l’objet d’une demande d’autorisation. Le texte prévoit cette obligation mais ne prévoit pas de sanction pénale.
La politique agricole du territoire s’oriente vers une agriculture intensive dans ce secteur avec utilisation de plus en plus fréquente de pesticides et insecticides (Embouche maïs).
À l’heure où de plus en plus de voix s’élèvent dans le monde contre une trop grande consommation de viande, on la développe ici sans parcimonie au lieu de favoriser fortement les filières d’agricultures biologiques bien moins soutenues que les filières conventionnelles.
Nous devons pouvoir localiser les dépotoirs sauvages et avoir un véritable impact sur les communes qui n’organiseraient pas un ramassage total est organisé (Tribu de Table Unio) ou n’imposeraient pas des règles en matière d’eaux usées.
La pêche
Les pêcheuses de crabes de Moindou s’insurgent depuis deux ans sur l’absence totale de prise en considération de leurs signalements.
La fraude, au lieu de régresser, prend de l’ampleur.
Des dizaines de nasses repérées, des sennes face aux mangroves, des pêches pendant les périodes d’interdiction (Elles ont été amenées à suivre un pêcheur qui a prélevé 50 Kg de crabes mous (Interdit) probablement à l’aide d’un bateau volé (numéro effacé).
La bateau de la Province, prévenu, à pas rejoindre les pêcheuses mais n’aurait pas pu sanctionner car le débarquement aurait eu lieu sur une propriété privée.
La chasse
Tout le monde s'accorde à dire que feux de forêts et dégradation des sols par les gibiers sont, avec les exploitations minières, les sources d'un affaiblissement général de la couverture végétale et de l'assèchement des cours d'eau. Pour la chasse, il n'existe pas de vraie stratégie globale de retrait.
La stratégie cerf (Achat de mâchoires) est source de comportements hasardeux que les associations de chasseurs ont bien du mal à contrôler malgré leur bonne volonté et leur savoir faire.
L'accès au domaine public (Où les dégâts sont les plus importants) est quasiment empêché par un enchaînement continu de propriétés privées.
Des chasseurs traversent ou utilisent les terres coutumières pour accéder au domaine public dans le plus parfait irrespect des règles minimum. Pire encore l'achat des mâchoires à un prix très attractif initient une pollution bactérienne supplémentaire (Seule la mâchoire est récupérée) et, à n'en pas douter, un développement du second grand destructeur ; le cochon sauvage qui trouve dans cette abondante ressources de protéines animale l'occasion d'accélérer son développement. Il en est de même pour le développement des rats (leptospirose) et autres petits animaux.
Les populations kanak vivent mal cette gabegie et ici ou là des clans ou des groupes de jeunes manifestent mécontentement ou colère.
Pire encore, quand des gens veulent contribuer à la préservation en signalant des violations ou en tentant de les stopper elles se retrouvent poursuivies en justice (Voir le courrier de Mme Mylène Aïfa Annexe 2) ou se font tirer dessus comme pourra le confirmer notre Vice-président.
Les nids de roussettes sont en danger. Il nous faut rappeler ici que la roussette n’a pas qu’une valeur marchande ou nutritionnelle. Elle a une haute valeur totémique. Elle sert à confectionner la monnaie kanak et les parures des danses traditionnelles. C’est pourquoi leur préservation est indispensable.
Il existe aussi un trafic d’oiseaux rares quand ils ne sont pas exposés à la chasse par les animaux domestiques rendus à la vie sauvage (Chiens et chats).
Perspectives foncières
Le dernier plan d'urbanisme (PUD) proposé par la commune de Bourail à la Province Sud (Pas encore validé) a provoqué une véritable levée de boucliers des éleveurs extensifs qui y voient, à juste titre, une volonté d'ouvrir la côte à l'implantation de lotissements nouveaux et à la résorption progressive de cette activité agricole peut polluante par rapport aux cultures céréalières qui, elles, connaissent un développement important (Et subventionné) avec pour effets un assèchement des cours d'eau et une diffusion importante de pesticides ou insecticides.
Mines
Des permis d'exploration ont été accordé sur la zone tampon ce qui débouchera inévitablement sur des exploitations minières.
Il n'existe pas de règles bien définies concernant les travaux routiers d'accès des engins aux sites d'exploitation.
Ceci aura pour double effet d'entraîner des pollutions supplémentaires et rendra encore plus difficile les conditions d'élevage extensif puisque les animaux perdront des surfaces de pâture considérables le long des ces routes.Des mines orphelines (Inexploitées) ont été laissées en l’état sur la zone. Elles continuent donc à polluer les cours d’eau.
Gestion de l'eau
Un comité de gestion de l'eau du bassin versant de La Néra a été constitué. Il soulève beaucoup de problèmes dont certains sont repris dans ce document. Nous relèverons un problème significatif : celui des captages agricoles. Vous pourrez y constater l’innocuité des textes réglementaires. Les captages des eaux à des fins agricoles sont réglementés. Il faut une autorisation qui définit les débits et périodes. Cette autorisation n'est assortie d'aucune sanction. Conclusion 70% des captages agricoles sont sauvages.
Conclusions.
Les difficultés que nous rencontrons sont liées à :
1. Une absence totale de clarté dans le rôle que jouent l’État et la Province sur la manière de gérer les sites inscrits.
L’État se considérant comme totalement irresponsable (Il va même jusqu'à affirmer que ce n'est pas la France qui a demandé l'inscription mais les provinces dans une réunion de l'IFRECOR sur une remarque du président de Corail Vivant).
Il poursuit donc une stratégie qui échappe totalement à l'intérêt général des populations locales avec son partenaire privilégié le WWF (Affirmation directrice de la nature au Ministère de l'Environnement) dans le cadre de contrats nationaux qui nous échappent totalement.
2. Une approche scientifique qui ne tient aucun compte de l'expérience plus que millénaire du peuple autochtone et entraîne sa jeunesse vers une approche productiviste de l'exploitation des biens ou des aires marines (Voir les activités du CRISP au Vanuatu)
3. Notre Comité de gestion (et, probablement à terme, tous les comités de gestion) ne dispose pas de moyens nécessaires suffisants pour contribuer utilement et activement à une gestion, partagée entre toutes les populations du site, mal équipé par les dispositifs provinciaux, pour assurer une surveillance efficace.
4. Il manque des gardes champêtres, des gardiens du littoral, des guides de chasse recrutés sur le terrain et formés correctement qui pourraient être gérés par le comité et dont la ressource pourrait être assurée par des fonds publics et des contrats avec des institutions, des fondations et des organismes scientifiques.
En ce qui nous concerne il nous est tout à fait difficile de travailler sans l'aide d'un cadre compétant et rémunéré pour collecter les informations, contacter les multiples administrations concernées et traduire en actions de communication ou de terrain les décisions de notre conseil.
5. Nous soulèverons un dernier point en forme de question : la Loi organique a donné aux provinces la compétence environnementale et l'état français se sert constamment de cet argument pour ne pas s'ouvrir davantage aux préoccupations liées à la gestion du site en série de Nouvelle-Calédonie. Nous sommes donc, sur ce point, dans un contexte d'émancipation totale, voire, d'indépendance.
Si les provinces, par ailleurs encore fortement liées à l’État, ne semblent pas en avoir perçu toutes possibilités, nous nous demandons quant à nous s'il ne serait pas possible de devenir membre de l'UICN et de rechercher par ce biais les aides, fonds et moyens qui nous manquent pour exister et gérer.